Exposition de Sid Ahmed Semiane : Sas d’une photogénique installation
le 06.05.15 El WatanK. Smail
Sid Ahmed Semiane, notre confrère, continue à écrire et décrire, peindre et dépeindre la société, la vie, pas en forçant le trait au courant de sa plume, brocardant l’ineptie ambiante — d’ailleurs qu’on regrette énormément —, mais à portée de clic et déclic. Sid Ahmed Semiane, alias SAS, qu’il porte beau le titre au sang bleu. Car il dégage un je ne sais quoi de noble dans tout ce qu’il entreprend. Depuis 2002, ce journaliste, le plus doué de sa génération, se consacre à l’écriture, le cinéma, et puis à une passion dévorante pour ne pas dire dévastatrice, la photo. Une marotte.
Une passion filiale. Et pour cause ! C’est qu’il a de qui tenir. De son père. Il a toujours baigné dans sa prime enfance dans un bouillon de culture. Et il est tombé dans la marmite très tôt au nom du père. Lequel était un ancien fonctionnaire des Affaires étrangères. Il voulait être une rock star. Il lui a légué un véhicule «vintage», une Zastava rouge, une collection de disques vinyle, des livres, et puis des photos. Aussi, SAS est-il devenu un «témoin oculaire».
Une focalisation artistique sur son environnement immédiat et lointain. Aussi, SAS a-t-il voulu partager sa passion pour la photo avec le public, sa famille, ses amis ou encore ses confrères. Et ce, en étrennant une exposition, lundi après-midi, au Salon international du bâtiment, des matériaux de construction et des travaux publics, Batimatec, se tenant du 3 au 7 mai 2015 au palais des Expositions de la Safex aux Pins maritimes, à Alger.
Côté hublot
Contre toute attente, le décor est planté au niveau du stand Bativert Equipement — organisant cet événement — en plein air, et en plein milieu d’échafaudages, de tubulures, grues, coffrages ou encore de monte-charges. C’est sûr, entre ce «chantier» et l’expo de SAS, y a pas photo. Mais Sid Ahmed Semiane a su concilier cet antinomique lieu en espace d’expression esthétiquement «argentique». Car les maîtres-mots qualifiant la galerie des photos sont : brillance, poésie et humanité.
SAS chasse, vole et immortalise des images, des tranches, des instantanés et des instants d’«humains d’Alger». Et ce, à travers une déclaration et déclamation d’amour à sa ville qu’il aime et adore tant. «Alger disparaît et laisse place à l’image d’Alger», déplore-t-il dans une trajectoire marine. Entre chien et loup, noir et blanc et couleur, SAS ne cherche guère à créer un «effet bœuf» et autre fioriture glosant l’image. C’est le souci du détail qui fait la différence. Le grain… de folie, le flou artistique, le contraste, le point de vue, et puis cet œil design montrant des petites gens sans voyeurisme aucun.
Une simplicité. Une beauté. Ici, la baie d’Alger, à côté, une femme voilée, un bâtiment aux minuscules vasistas, là une porte-A66-, là-bas un passant, un chassé-croisé entre deux jeunes, deux looks, deux attitudes, contemporain et traditionnel… «J’ai toujours été fasciné par la photo. Mon père avait un appareil. J’ai commencé à faire de la photo d’une manière permanente et régulière, quand j’ai arrêté d’écrire (chroniques). C’était aussitôt. La photo, c’est une forme d’écriture naturelle. Elle fait partie de l’écriture. Un produit dérivé… ».